Depuis sa prise de fonction comme nouveau sélectionneur national de la RDC, en août 2022, Sébastien Desabre a dynamisé l’équipe nationale congolaise. Originaire de Valence, M. Desabre eut un impact immédiat, en réussissant l’exploit de qualifier la RDC à la CAN 2023 malgré un début de campagne désastreux sous Hector Cuper.
Porté par ce succès, Desabre s’est projeté sur les qualifications pour la prochaine Coupe du monde avec un sentiment de dessein et de détermination. Pour lancer les éliminatoires, son équipe a remporté son premier match, contre la Mauritanie (2-0). Au cours d’un entretien, il a livré sa vision de l’équipe, son regard sur les binationaux et ses ambitions avec la RDC.
La RDC n’a pas participé à la Coupe du Monde depuis 1974. Ressentez-vous une pression supplémentaire à cause de cela ?
Nous ne ressentons aucune pression négative. Nous sentons simplement que le pays veut que nous soyons là, parmi les meilleurs du monde. Toute personne impliquée dans le jeu veut participer à la Coupe du Monde. Participer à la prochaine Coupe du Monde est un objectif pour le football congolais, et il s’agit maintenant de tracer notre chemin à travers nos matchs.
La compétition de qualification a un nouveau format, avec des groupes de six équipes et dix matches à jouer. Il y aura inévitablement des changements en cours de route, et les compositions que je nommerai au début de la compétition seront différentes à la fin.
La RDC a été tirée dans le Groupe B avec les champions africains en titre, le Sénégal, et deux équipes que vous avez rencontrées lors des qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023: la Mauritanie et le Soudan. Quel est votre avis sur le groupe ?
Nous recevons la Mauritanie lors de notre premier match, et c’est formidable de commencer la campagne à domicile (la RDC a gagné le match 2-0 mercredi, NDRL). Nous savons déjà beaucoup les uns sur les autres, bien sûr. Nous les avons battus 3-1 lors de notre dernière rencontre, une victoire qui nous a mis en pole position pour la qualification à la Coupe d’Afrique des Nations. Nous ne changerons pas notre approche et nous resterons concentrés sur nous-mêmes. Chaque équipe se préparera intensément pour les qualifications et il n’y aura pas de matchs faciles.
Avec des joueurs talentueux tels que Chancel Mbemba, Fiston Mayele, Cédric Bakambu, le Congo a un groupe solide sur lequel s’appuyer. Que doit faire l’équipe pour aller jusqu’au bout et se qualifier pour la Coupe du monde ?
La RDC a toujours eu des joueurs exceptionnels, mais si nous voulons atteindre le niveau supérieur, il est indéniable que nous avons besoin que les joueurs binationaux choisissent plus tôt pour qui ils vont jouer. Si vous preniez tous les joueurs congolais qui sont en France, en Belgique et en Suède, vous auriez une équipe de rêve absolue.
Le problème est que ces jeunes joueurs ne choisissent pas de jouer pour la RDC à un jeune âge parce que nous n’avons pas vraiment de projet d’équipe nationale à leur offrir quand ils sont enfants. C’est juste une partie de la structure que l’association nationale cherche à mettre en place. Nous avons beaucoup de place pour progresser à cet égard, et le football congolais n’est pas aussi productif qu’il pourrait l’être. Nous le savons et nous travaillons dessus.
Pour la première fois de l’histoire, l’Afrique sera représentée par neuf pays à la prochaine Coupe du monde. Peut-on s’attendre à de grandes choses ?
Oui, sans aucun doute ! Le Maroc nous a montré la voie au Qatar, et leur parcours jusqu’en demi-finale a été la récompense de tout le travail acharné de leur fédération. Je suis convaincu qu’une équipe africaine remportera un jour la Coupe du monde, plus tôt que vous ne le pensez. Il y a de plus en plus de qualité dans la structure du jeu africain maintenant, tant du côté des joueurs que des responsables locaux. L’Afrique fait son chemin dans le jeu mondial et son progrès est indéniable et bien mérité.
Vous êtes impliqué dans le football africain depuis des années maintenant. Qu’est-ce qui vous attire ?
Le jeu africain a une essence qui lui est propre. J’ai travaillé partout sur le continent, au nord, à l’est, au sud et à l’ouest, et où que vous alliez, il y a cette énorme passion pour le jeu. Dans de nombreux pays africains, le football a le pouvoir de rassembler les gens.
Quels souvenirs de la Coupe du monde vous marquent le plus ?
Mon premier souvenir de la Coupe du monde était assez triste, pour être honnête. C’était en 1982. J’avais six ans à l’époque, et j’ai regardé la demi-finale entre la France et l’Allemagne et cette collision entre [Harald] Schumacher et [Patrick] Battiston. Et puis, comment pourrais-je oublier 1998, quand j’avais 22 ans, et l’excitation que Zinedine Zidane et sa bande nous ont procurée ?
Il y avait un autre match en particulier qui m’a beaucoup marqué. Je vivais en Égypte à l’époque, et les Pharaons étaient en course pour la qualification pour la Russie 2018 contre le Congo, avec Mohamed Salah marquant le but de la victoire à la toute dernière minute. Le stade d’Alexandrie s’est levé comme un seul homme et l’ambiance dans le pays était incroyable.
Cette interview a été publiée en anglais sur le site de la FIFA, fifa.com. Elle a été traduite par la rédaction de FootRDC