La RDC a organisé la première édition du Championnat interscolaire panafricain pour les jeunes de moins de 16 ans fin février. En finale de la version masculine, les Congolais avaient dominé les jeunes sénégalais (3-1). Après le tournoi, FootRDC vous aviez révélé l’énorme scandale sur l’âge de joueurs congolais et comment les dirigeants avaient échoué à régulariser l’inscription des athlètes. Pour son aspect financier, peu de choses avaient filtraient malgré les soupçons de mégestion et de répartition de fonds. Un peu plus de deux mois plus tard, FootRDC a continué son enquête en immersion.
Lors du tournoi interscolaire panafricain, si sur terrain tout s’est passé sans vague jusqu’à la fin de la compétition, dans les coulisses tout n’a pas été parfait, surtout sur le plan financier. La gestion de l’argent décaissé par l’état congolais, certaines sources affirment qu’il s’agissait de 1 million de dollars américains, a fait défaut. Chaque camp accuse l’autre au grand dam des ligues provinciales, victimes collatérales de la guéguerre entre la fédération et le ministère des Sports. Les dirigeants de ces ligues réclament le remboursement des dépenses engagées pour le déplacement à Kinshasa afin de prendre part au tournoi provincial.
« À ce jour, nous sommes menacés par nos créanciers »
Dans l’affaire autour du fonds pour l’organisation du tournoi interscolaire panafricain, tout part de l’organisation du tournoi provincial. D’après le règlement, à l’issue de cette compétition, l’équipe championne dans chaque version (masculine et féminine) allait représenter la RDC à la phase finale à Kinshasa. Selon la Ligue de football des jeunes (LINAFJ), c’est sur demande du ministère des Sports et Loisirs que les ligues provinciales devaient engager des dépenses « de la phase provinciale ». Les ligues avaient l’assurance que l’État allait rembourser une fois à Kinshasa. Deux mois plus tard, les ligues attendent encore.
Pour réunir le fonds de déplacement, logistique et d’autres dépenses, la Ligue de football de jeunes de Goma a dû emprunter un montant dépassant les 5.000 $ à des créanciers extérieurs. « À ce jour, nous sommes menacés par nos créanciers. Comme indiqué dans la note de créance de l’EPFJ du Nord-Kivu et la facture de centre de la médecine des sports, nous réclamons le paiement de 5.794 $ », a écrit son président Eldé Vakatsuraki, depuis le 14 janvier.
« Le gouvernement central avait déjà déboursé cet argent il y a plusieurs mois, mais il n’y a aucune volonté. Nous pensons qu’il y a détournement au niveau du ministère. Ils nous doivent 33.000$ sur plus de 1 million qu’ils ont perçus. C’est une goutte d’eau dans l’océan », nous a-t-il dit, déplorant la surdité sur des questions censées être réglées depuis la fin de la compétition nationale, en début de l’année.
La gestion du fonds pour le tournoi
Obligés de laisser les parties « en accusation » donner leur version de fait, nous avons réussi à joindre certains responsables impliqués dans le dossier pour la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA) et de la Ligue de football des Jeunes (LINAFJ).
« La FECOFA a préfinancé certaines dépenses lors du tournoi. Elle ne sait rien de cet argent décaissé par l’état congolais pour le tournoi » a indiqué le secrétaire général de l’organe faîtier du football en RDC Belge Situatala. À la fédération, on s’en tient donc à la séparation de pouvoir et de gestion. Les récentes accusations de détournements lors de l’Affaire TIFOCO et la mise en garde de la CAF contre Serge Nkonde et son ministère ont fissuré les relations entre les deux parties ; chacun s’occupe de ses affaires désormais.
À la Ligue de football des jeunes, Zéphyr Kaninda Mukanya est allé dans le même sens : « Il est connu de tous que dans le cas de principe entre le ministère des Sports et celui de l’EPST, il a été décidé que la FECOFA n’allait pas gérer la trésorerie. Elle n’a pas géré les espèces. Il y a même une réquisition pour ça. Ce qui est vrai, c’est la FECOFA a transmis la prévision budgétaire au ministère », a indiqué Zéphyr Kaninda.
Selon lui, après que les ligues aient présenté les preuves de leurs dépenses à Kinshasa, le remboursement devait suivre. Le fonds devait passer directement vers leurs comptes, au lieu de celui de la fédération. « L’argent ne devait pas passer dans le compte de la FECOFA, mais plutôt dans les comptes des ligues. Le cabinet du ministre nous a rassurés et nous attendons. La FECOFA ou encore la Linafj n’ont pas géré l’argent de ce tournoi », se dédouane-t-il.
L’entrée en jeu de l’IGF
La gestion du fonds d’organisation du tournoi interscolaire panafricain avait fait objet d’accusations de détournement tout récemment. Cinq membres du cabinet du ministre de l’Enseignement primaire, Secondaire et Technique (EPST), Tony Mwaba étaient d’ailleurs convoqués au parquet général de Kinshasa/Gombe pour répondre aux préoccupations de la justice. Parmi ces 5 membres, on cite notamment le Directeur de cabinet du ministre de l’EPST, son Conseiller financier, son comptable et deux autres membres du cabinet. Certains ont pris la poudre d’escampette, ils sont introuvables dans la capitale.
L’Inspection Générale des Finances (IGF) avait annoncé avoir découvert un détournement lors de la récente organisation du tournoi panafricain interscolaire. La nouvelle a été rendue publique par l’Inspecteur général des finances, chef de service, Jules Alingete, sur ses réseaux sociaux.
L’IGF ayant découvert « les actes de détournement » dans l’organisation du récent tournoi interscolaire, « les prédateurs institutionnels concernés » se sont mis à attaquer « gratuitement » l’IGF dans les réseaux sociaux pour brouiller la « vérité » qui sera incessamment dévoilée, avait signifié Jules Alingete. À ce jour, la gestion du million de dollars n’a toujours pas été éclaircie.
JMM